Addicto-psychiatrie

Coordinateur – M. Naassila

 Les pathologies duelles associant troubles de la santé mentale et troubles addictifs (avec ou sans drogues) sont la règle plutôt que l’exception. Plus que la simple co-occurrence de deux troubles, elles renvoient au concept que ces maladies pourraient avoir un lien de causalité et/ou des facteurs de vulnérabilité communs voire un substrat neurobiologique commun. La relation entre ces troubles peut être interprétée de différentes manières et ainsi avoir des implications dans la prévention et la prise en charge. Les deux troubles peuvent être indépendants et donc traités séparément, Le trouble mental est la conséquence du trouble addictif et inversement (amenant au concept de l’auto-médication ou bien à l’idée que le trouble mental aggrave la vulnérabilité au trouble addictif) et enfin que les deux troubles partagent des mécanismes psychobiologiques communs (une même maladie avec deux composantes).

La forte prévalence des pathologies duelles invite à rechercher systématiquement un mésusage de drogues voire un trouble addictif chez tous les sujets présentant un trouble mental et inversement à rechercher un trouble mental chez tous ceux qui présentent un mésusage de drogue voire un trouble addictif et ce d’autant plus que le sujet est jeune. En effet, l’initiation de la consommation de drogues (alcool, tabac, cannabis, stimulants, médicaments addictogènes et autres) survient à l’adolescence voire la préadolescence tout comme les prodromes de certains troubles mentaux comme la schizophrénie par exemple. L’initiation précoce de l’usage de drogues est un facteur de risque important dans la vulnérabilité à développer un trouble addictif et/ou un trouble mental.

La recherche des pathologies duelles ou de l’usage de drogues chez les sujets présentant un trouble mental est loin d’être systématique alors que la prise en charge idéale nécessite une approche intégrée et préventive (repérage précoce) afin de limiter non seulement les effets nocifs de la consommation de drogues mais aussi leurs effets sur l’initiation, la progression et le traitement des troubles mentaux.

L’usage de drogues affecte aussi l’observance et la prise en charge des troubles mentaux, contribuant ainsi à alourdir le fardeau sanitaire et social des troubles mentaux. Le contexte actuel nécessite d’avoir une approche ciblant la polyconsommation. En effet, il est très fréquent de constater l’usage de différentes drogues comme l’association tabac et cannabis ou encore de constater que le quart voir le tiers des adolescents qui présentent un comportement de binge drinking (≥6-7 verres par occasion) sont aussi des consommateurs de cannabis.

En dépit de la forte prévalence de l’usage de drogues et des troubles mentaux, l’épidémiologie, les mécanismes physiopathologiques et les facteurs individuels et environnementaux impliqués sont peu connus. A notre connaissance, il n’existe pas de cohorte française qui étudie spécifiquement la pathologie duelle trouble mental/trouble addictif.

Dans ce contexte, le GDR Psychiatrie-addiction adossé à l’Institut de Psychiatrie, étudie spécifiquement cette pathologie duelle grâce à l’opportunité d’avoir un réseau composé de cliniciens et de chercheurs impliqués à la fois dans le champ de la psychiatrie et dans celui des addictions. Des spécialistes de la préclinique participent aussi à ces études afin de décortiquer les substrats neurobiologiques et les facteurs de vulnérabilité.

La recherche sur les pathologies duelles est aussi peu développée en France, en partie, à cause de l’exclusion mutuelle des troubles mentaux dans les études sur les addictions et inversement. Le réseau de recherche tel que celui du GDR psychiatrie-addiction constitue une opportunité unique de pouvoir faciliter le développement des pathologies duelles comme « objet » d’étude parmi les nombreuses équipes membres. Il s’agira aussi de concentrer des efforts sur les dernières techniques de pointe qui pourront faire avancer les connaissances et la prise en charge des pathologies duelles comme celles utilisées en recherche computationnelle, la réalité virtuelle ou encore la stimulation cérébrale. Des techniques de type « omics » seront aussi envisagées à la fois chez les patients et les modèles animaux comme par exemple l’ épigénomique car les drogues sont bien connues pour modifier l’ épigénome à long-terme et contribuer ainsi, surtout l’adolescence, à modifier la vulnérabilité à l’addiction voire aux troubles mentaux.

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