Cette année, pour sa première édition, le premier prix de thèse d’université de l’Académie vétérinaire de France (AVF) doté par le laboratoire Boehringer-Ingelheim a été décerné à Fanny Demars (Dr Vétérinaire, PhD) pour sa thèse « Variabilité interindividuelle des réponses comportementales face aux interactions entre gènes et environnement ». Cette thèse a été réalisée au sein de l’équipe « Physiopathologie des maladies psychiatriques ; développement et vulnérabilitité », INSERM 1266 du Pr Marie-Odile Krebs à l’Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris, et soutenue par la Fondation pour la Recherche Médicale.
Dans ses travaux, Fanny Demars et ses collègues ont utilisé une méthode translationnelle, combinant des études chez l’homme et l’animal, pour étudier les mécanismes biologiques associés aux différences de vulnérabilité des individus face au stress et au développement de la schizophrénie.
La schizophrénie est une maladie fréquente et invalidante. Elle résulte d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux tels que le cannabis ou le stress. L’identification des mécanismes physiopathologiques associés à la vulnérabilité/résilience des individus face à ces facteurs pourrait constituer un pas décisif vers la découverte de biomarqueurs pronostiques et de nouvelles cibles médicamenteuses, nécessaires pour le développement d’une prise en charge précoce, personnalisée et plus efficace des patients.
Le Pr Pierre Sai pour le président de l’AVF a en particulier souligné l’importance de la problématique traitée pour la recherche en psychiatrie. Il rapporte par ailleurs que « La grande originalité de sa thèse tient dans la combinaison « One Health » entre des analyses moléculaires sur des cohortes de patients et l’étude d’un modèle rongeur, avec le même objectif de mieux comprendre les mécanismes de la variabilité entre sujets. [Fanny Demars] développe à ce propos un plaidoyer en faveur de modèles animaux non hyperstandardisés, mais présentant plutôt une variabilité interindividuelle comparable à celle des cohortes humaines. »
Le Dr Thérèse Jay, qui a initié certains des travaux réalisés, souligne la qualité et la diversité des études présentées dans cette thèse. « Poursuivant l’objectif de notre groupe qui est de mieux comprendre la physiopathologie des maladies psychiatriques dans une démarche translationnelle, Fanny s’est investie dans des études cliniques et précliniques. Elle s’est particulièrement impliquée dans l’élaboration de procédures innovantes pour améliorer les modèles animaux des troubles anxieux et des troubles de stress post-traumatique. Sa grande maturité scientifique et sa capacité à cerner les enjeux de la recherche clinique et fondamentale autour des maladies psychiatrie lui ont permis de rédiger un manuscrit d’une très grande qualité. »
A l’interface entre l’environnement et les santés somatique et psychique de l’homme et de l’animal, ces travaux rappellent la pertinence du concept « OneHealth » dans le domaine de la recherche en psychiatrie pour l’amélioration de la santé des patients souffrant de maladies mentales. Plusieurs papiers ont déjà été publiés à partir de ces résultats (https://doi.org/10.1016/j.cub.2022.05.050, https://doi.org/10.1038/s41598-020-66901-1, https://doi.org/10.1016/j.banm.2020.04.002) et d’autres études sont toujours en cours, notamment en collaboration avec l’École nationale vétérinaire d’Alfort, pour progresser sur ces questions essentielles.