Intervention précoce

L’intervention précoce en santé mentale se base sur certains principes essentiels : la promotion l’engagement, l’évaluation et la mise en place rapide d’interventions biopsychosociales adaptées. Elle vise principalement les jeunes présentant des troubles émergents entre 12 et 25 ans.

Les programmes cherchent à

  • Diminuer le délai d’accès à des soins adaptés pour les personnes à risque ou chez celles qui traversent les stades précoces d’un trouble psychique,
  • Maximiser les chances de rétablissement en s’appuyant sur des interventions bio-psycho – sociales adaptées à leurs besoins et au stade de leurs troubles et dont l’efficacité est maintenant établie par la recherche des équipes pionnières programmes en Australie, en Amérique du Nord et en Angleterre et maintenant dans une majorité de pays Européens.

 

Objectifs

Ces programmes de soins doivent être proposés par des équipes spécialisées pluridisciplinaires facilement accessibles. Le réseau Transition vise à diffuser ces pratiques, à fédérer et rendre plus visibles les équipes engagées dans ce champ et à former les acteurs de soins et leurs réseaux à une meilleure détection et de meilleures interventions.

Le Réseau Transition s’engage pour combler le retard français et plus généralement celui du monde francophone, en fondant la branche francophone à l’Association Internationale d’Intervention Précoce (IEPA) permettant de bénéficier des expériences du Québec ou de Suisse (lire aussi, Conus et al, 2019 / Krebs, 2019)

Comprendre les défis de l’intervention précoce : Une conférence du Professeur Ashok Malla, , McGill University, Canada, donnée dans le cadre de la journée annuelle du RHU PsyCARE le 25 novembre 2020.

Quel est l’âge concerné ?

La période entre 12 et 25 (voire 30 ans, les troubles sont souvent plus tardifs chez la femme), est une période de grands changements, tant sur le plan physiologique, psychologique, que social. C’est une période de fragilité « à risque » pour l’émergence de troubles psychiques : troubles anxieux, troubles psychotiques, addiction et de troubles de l’humeur (fig 1). En France, au moins 15000 nouveaux jeunes présentent un épisode psychotique par an. La crainte est que ces troubles puissent évoluer vers un trouble chronique tel que la schizophrénie ou un trouble bipolaire (fig 2). C’est aussi une période associée à une grande plasticité et d’une grande capacité de récupération, de « résilience ».

Figure 1

Figure 2

Figure 3

Quels sont les signes annonciateurs d’un trouble psychique émergent ?

Les sujets présentant des symptômes atténués ou très transitoires sont considérés à Ultra haut risque (UHR) de psychose (30 % environ contre 3 % en population générale) mais une prise en charge adaptée permet de retarder ou prévenir une telle évolution (fig 3). L’intervention précoce améliore considérablement la qualité du rétablissement et retarde ou voire prévient l’évolution vers des formes chroniques.

Quelle(s) intervention(s) ?

L’intervention précoce est une prise en charge est globale et intégrative.

Elle vise à

  • réduire les facteurs de risque et troubles associés : gestion du stress, consommation de cannabis, troubles cognitifs, dépression, parfois maladies somatiques (3% des troubles psychotiques) ;
  • favoriser l’engagement des jeunes et leurs parents dans les soins,
  • favoriser l’insertion et la poursuite de la formation
  • permettre l’introduction d’un traitement spécifique antipsychotique ou thymorégulateur, si un trouble avéré est présent, à introduire un traitement selon un schéma spécifique à l’âge et au stade évolutif.

Quelqu’en soit la nature, l’émergence d’un trouble psychique nécessite de mobiliser le jeune à modifier ce sur quoi on peut agir : par exemple, arrêter le cannabis, le tabac, reprendre une activité physique, apprendre à gérer son stress, à réguler son sommeil, son appétit, reprendre les études. L’accompagnement par un case manager permet de les accompagner dans cette direction et de répondre aux besoins spécifiques du jeune. Les programmes de psychoéducation permettent de donner au jeune et à son entourage des moyens pour comprendre et agir pour votre rétablissement.

 

C’est quoi une psychose ?

Le terme de psychose désigne un ensemble de symptômes (un « syndrome ») qui traduisent des troubles dans le fonctionnement du cerveau. Les personnes peuvent rencontrer des difficultés dans leur interprétation du monde réel ce qui mène des pensées confuses, à des fausses croyances, des difficultés pour réfléchir, pour s’exprimer, l’impression de ne plus ressentir les émotions comme avant. Cela peut modifier la manière de se comporter (agitation, prostration, retrait). Il n’y a pas « une » cause à la psychose. Elle résulte souvent d’une combinaison de multiples facteurs biologiques (gènes), psychologiques et environnementaux (consommation de substances comme le cannabis ou les psychostimulants, stress, problèmes sociaux…). Parfois, c’est l’expression de certaines maladies rares (3%). D’où l’importance d’un bilan complet.

Après un « premier » épisode, y en a-t-il toujours un second ?

Le premier épisode désigne le moment où les symptômes psychotiques sont présents de façon suffisamment durable et intense. Il arrive la plupart du temps en fin d’adolescence ou au début de l’âge adulte. Certains entretiens et échelles peuvent aider à évaluer si le « seuil de psychose » est franchi. C’est une expérience angoissante pour le patient et incomprise par son entourage : il est urgent d’agir !

L’introduction rapide d’un traitement permet d’utiliser des doses limitées d’antipsychotique, minimisant les effets indésirables. Associé à une prise en charge globale, comme décrite ci-dessus, il permet un rétablissement, c’est-à-dire la disparition des symptômes et la reprise des études ou de son activité.

Il n’y a donc pas toujours un second épisode, mais sans traitement, les psychoses peuvent causer de graves dommages pour la vie du patient et de son entourage.

G. Couillard (GHU Paris)


K. Guisard (ANAP)

L. Mathevet (GHU Paris)

N. Noiriel (ARS Ile de France)

L. Tilman (DGOS, Ministère de la Santé et de la Prévention)

A. André (CHLC Dijon)

Dr A. Iftimovici (GHU Paris)

C. Hingray (CPN Laxou)

L. Métivier (CHU Caen)

F. Haeseabert, A. Pavard (CH Le Vinatier)

J. Perchais (MDA Charente-Maritime)

E. Hien (GHU Paris)

J. Caubel (EPS Erasme)

R. Pierot (Nîmes)

C. Damasceno (CH Vinatier)

D. Willard (GHU Paris)

Les conférences

 

  • Allocution d'ouverture - G. Couillard, Directeur du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences

  • Age de transition : problématiques révélée à travers les projets FIOP - Karyn Guisard (ANAP)
  • Prise en charge précoce des troubles psychiques émergents en France - état de l'art en 2024 - Lydie Mathevet, réseau Transition, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences
  • Prise de parole de Mr Noiriel, Directeur de projet santé mentale et psychiatrie, ARS Ile de France
  • Prise de parole de Mme Laora Tilman, direction de l'offre de soins, Ministère de la Santé
  • Approche phénoménologique du premier épisode psychotique : vécu traumatique, remaniements identitaires et processus de rétablissement - Auriane André, CHLC Dijon

  • Asynchronisme de maturation cérébrale et prédiction de la psychose - Dr Anton Iftimovici, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences
  • Le trouble dissociatif : le caméléon de la psychiatrie ? - Pr Coraline Hingray, CPN Laxou, Nancy
  • La détection des symptômes négatifs chez les étudiants est-elle pertinente ? - Dr Lucie Métivier, CHU Caen
  • Présentation d'une summer school pour jeunes présentant un premier époside psychotique en amont de la rentrée scolaire : équilibre vie et soins, Pr F. Hasebaert, Dr Amélie Pavard, CH Vinatier, Lyon
  • Les promeneurs du net : être présent en ligne pour mieux accompagner les jeunes (et leurs parents)
  • Jeunes et utilisation des réseaux socio-numériques en santé mentale - Etienne Hien, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences
  • REPÈRE : Un réseau pour améliorer l'accès précoce aux soins - Dr Joséphine Caubel, EPS Erasme
  • Évaluation du case management réalisé pour la prise en charge des premiers épisodes psychotiques en utilisant la check-list PEPSY-CM - Dr Robin Pierot, CHU Nîmes
  • Impact d'un nouveau parcours de psycho-éducation coordonné par un·e infirmier·e de pratiques avancées sur le fardeau des proches aidant de patients souffrant d'un premier épisode psychotique - Caroline Damasceno (CH Le Vinatier)
  • Utilisation du programme BREF pour les familles de jeunes présentant un premier épisode psychotique - Dominique Willard (GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences)

Nos partenaires

Newsletter

 

S'abonner à la newsletter :

Protection des données
Voir nos mentions légales